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#5 Terre de contrastes – Turquie

Installez-vous confortablement, on vous emmène revivre nos aventures dans ce pays à cheval entre l’Orient et l’Occident. Des lacs de soude aux volcans enneigés, des villes merveilleuses aux plaines désertiques, laissez-vous porter !

Marie & Romain

29 mai 2024 – 3 juillet 2024
35 jours – 13 étapes

1095 km – 11 150m D+

Chapitre 1
La découverte

C’est par la mer que nous arrivons en Turquie, le 29 mai 2024, dans la ville côtière d’Ayvalık (Ayvalik), tout à l’ouest du pays. Toujours accompagnés de Xavier, nous passons sans problème le poste frontière et, alors qu’on en sort, prenons notre première goulée d’air turque ! Un nouveau pays, une nouvelle culture…on a hâte ! 

Nous roulons quelques centaines de mètres en ville à la recherche d’un distributeur. La lumière du couchant dore les bâtiments qui, s’ils ne sont pas délabrés, ne sont plus de première jeunesse. Une odeur âcre de déchets brûlés flotte dans l’air, poussée par le vent venant des terres. Les voitures roulent un peu fort mais font attention à nous. Il y a peu de piétons et, après avoir retiré notre liasse de billets de lire turque (1 TRY = 0,03€ en ce moment), notre première discussion sera avec le gérant du camping, un vieux monsieur qui, surprise, parle parfaitement anglais.

Globalement, la plupart des Turcs connaissent quelques mots de la langue de Shakespeare mais le plus gros des conversations se fera avec l’aide de Google Traduction et, bien sûr, de la langue des signes improvisée

Nous arrivons un peu tard au camping, le soleil tombe vite ici : 19h30, soit une heure de plus qu’en France, et c’est déjà le crépuscule. On file se coucher après une bonne assiette de pâtes. 

Durant les 3 jours suivants, nous pédalons en direction du Nord-Est pour rallier la ville côtière de Bandırma (Bandirma). Après un bref passage le long de la riche et touristique côte méditerranéenne et un premier restaurant trop cher (le gérant a dû se dire, « V’là des touristes ! »), nous nous enfonçons dans les terres. La région est montagneuse et agricole. Les gens, éparpillés dans de petits villages dignes de la France rurale des années 50, vivent du fruit de leur travail. Le paysage est vert, de grandes forêts de feuillus s’étendent à perte de vue, de petites cultures de céréales, du maraîchage et de grandes prairies où paissent quelques vaches, chevaux et moutons complètent le tableau. Sur les routes, on retrouve nos vieilles voitures européennes, notamment la Renault R12, et dans les villages, les camions de tournée rythment la semaine : chaussures, épicerie, pain, fruits & légumes, matériel de bricolage, etc.

La population est plutôt âgée. Les hommes, bien habillés, chemise, gilet, pantalon, casquette ou béret et jolies chaussures, se retrouvent au café, toujours non loin de la mosquée, avant et après la prière pour partager un çai (le thé turc traditionnel). Les femmes, grandes absentes de l’espace publique dans les villages, restent au foyer : elles cuisinent, jardinent, s’occupent de la famille et balayent constamment le pas de la porte et les alentours de la maison, zigzaguant entre les poules, coqs, oies et canards laissés en liberté, et utilisant un balai fait de paille sans manche, ce qui les obligent à plier les genoux, courber le dos et poser le coude dont la main est libre sur le genou du même côté. Généralement, elles prient moins souvent que les hommes, en tout cas elles ne peuvent pas se rendre dans l’espace de prière principal de la mosquée, réservé aux hommes. Un balcon fermé ou une salle attenante leur est attribué et elles s’y rendent généralement en-dehors des heures de prières

Les enfants sont peu nombreux et, après l’école, se divisent en deux groupes : les garçons jouent au foot, dans la rue ou, s’il y en a un, sur le terrain municipal qui consiste généralement en un pré et 3 barres de métal soudées ensemble pour les cages, et les filles…disparaissent à l’intérieur des maisons. Nous en avons parfois vu qui se regroupaient pour discuter et rire, assises sur un muret ou le rebord d’une fontaine mais rarement nous les aurons vu jouer. La plupart des jeunes adolescent.e.s ont des téléphones mais ils ne l’utilisent pas autant qu’en Europe. Et quant aux jeunes…eh bien il n’y en a pas, hormis ceux qui travaillent aux champs, pour la plupart issus de l’immigration, comme ce jeune afghan qui nous offre des fraises pour notre petit-déjeuner. 

Sur le vélo, c’est dur : il fait (très) chaud, et ça grimpe fort, mais nous avons de l’eau à volonté car on trouve une fontaine tous les 500m le long de la route. C’est de l’eau de source, elle est fraîche et potable.

Dans la religion musulmane, peu après un décès, il est de coutume que la famille offre à la communauté et aux voyageurs de quoi se désaltérer et se laver pour effectuer les ablutions avant la prière. Ce n’est pas un acte désintéressé puisque chaque personne qui viendra se désaltérer ici donne un ḥasanāt au défunt, une « bonne action », qui comptera dans la balance lors de son jugement divin et lui permettra peut-être d’accéder au paradis. C’est pourquoi nous trouvons, dans cette région tout du moins, autant de point d’eau gratuit

L’eau n’est pas potable au robinet en Turquie (pas partout en tout cas, et nous ne testerons pas les limites du « pas partout ») et plus tard, dans des régions bien plus arides, où l’eau ne coule pas naturellement, nous nous contenterons de l’eau en bouteille que l’on peut trouver dans de petits magasins, appelés « Mini-markets » et que chaque village, quelle que soit sa taille, possède. Petite anecdote, on nous distribue dans les hôtels et restaurants des « pots » d’eau individuels, qui ressemble très fort à nos pots de yaourt…mais rempli d’eau ! Pas très optimisé en termes de déchets plastiques et quand on voit tous les résidus de cette matière en liberté dans la nature (surtout des sacs de course, on nous en donne constamment, dès qu’on achète le moindre paquet de riz ou 2 tomates), on se dit que c’est bien dommage que ce sujet ne soit pas plus préoccupant pour les Turcs. Mais ça viendra. 

Les Mini-markets jalonnent également les grands axes routiers et, outre de l’eau et toute autre boisson (sauf de l’alcool), on y trouve des barres de céréales chocolatées, des bonbons, des biscuits, quelques conserves, un peu de produits d’hygiènes, et, parfois, des fruits et légumes, mais c’est rarement le cas. L’alcool n’est pas interdit en Turquie, il est prohibé par la religion musulmane. On trouve toute sorte de bières, vins et spiritueux dans les bars et la plupart des restaurants, mais il faut se rendre en supermarché (et avoir plus de 18 ans) pour en acheter. À la télé, les verres d’alcool sont floutés. Quant aux fruits et légumes, nous aurons du mal à correctement nous approvisionner dans les magasins et supermarchés, beaucoup de Turcs ont leur propre jardin et les autres se rendent au marché. De plus, les produits d’épicerie dans les magasins sont vendus le plus souvent en très grosse quantité (1 kg minimum, ce qui ne nous arrange pas !). 

Le deuxième jour de notre périple est, justement, jour de marché dans le petit village de Pazarköy. Nous en profitons pour faire le plein de provisions : pâtes, sauce tomate, pain, olive, noix de cajou, biscuits, tomates, abricots, fruits secs, et quelques cerises dont on se régalera immédiatement, car elles n’auraient pas survécu au trajet sur le vélo jusqu’à notre pause pique-nique.

Le troisième jour, après une longue descente, nous quittons les montagnes et retrouvons des routes plates. De très grands champs de céréales s’étendent à perte de vue et, après une petite pause au bord du lac Kuç Gölü (Gölü = lac) pour observer les flamands rose, pélicans et autres hérons, nous atteignons Bandirma vers midi. Nous allons immédiatement acheter nos billets de bateau pour Istanbul et allons ensuite déguster un excellent döner kebab.

Il y a une multitude de recettes de kebab en Turquie. Nous français, ne connaissons pour la plupart que le Döner, démocratisé en Europe par les Allemands dans les années 70, où le cuisinier racle la viande (agneau, poulet ou mouton) cuite sur une broche verticale. Mais en Turquie, tout plat contenant de la viande grillée est appelé Kebab, et chaque région, chaque ville, a sa spécialité. Nous en dégusterons donc de toute sorte, Adana kebab, Şiş kebab, Urfa kebab, etc. un délice !

Et c’est donc rassasiés et avec un stock de baklava, une pâtisserie à base de pâte filo, de noix ou, comme ici, de pistache, et de miel, pour le goûter du Xav’ (« le goûter, c’est sacré ! ») que nous prenons notre navette maritime pour traverser la mer de Marmara et rallier Istanbul !

Chapitre 2
Istanbul

Et c’est donc également par le bateau que nous arrivons à Istanbul le 1er juin. Cela faisait longtemps qu’on avait repéré cette liaison Bandirma-Istanbul, qui nous permet d’éviter une bonne centaine de kilomètres de banlieue et de mauvais trafic. De plus, le port n’est qu’à quelques kilomètres du centre historique. Quelques kilomètres ? Le compteur nous affiche 2997km et nous ne résistons pas à l’envie d’aller voir Hagia Sophia, alias Sainte-Sophie, avant de rallier notre petit appartement Airbnb… Un bout de piste cyclable, une petite montée sèche et nous arrivons au milieu des touristes, devant la fameuse mosquée, symbole de la ville…et la magie opère ! 3000km ! On est très ému de clôturer la partie européenne de notre voyage, on se rend compte maintenant qu’un nouveau voyage commence.

Après la photo souvenir, nous nous dirigeons vers notre appartement, à une dizaine de kilomètres au Nord-Ouest. Le quartier, populaire, est calme, et notre appartement, confortable. Il a été rénové récemment mais, et c’est un fait qui se verra confirmé tout au long de notre voyage en Turquie, les finitions et l’entretien ne sont pas soignés (les plinthes sont mal posées, les portes ne ferment pas la robinetterie est entartrée, etc.). Par contre, il y a des moulures au plafond ! Nous sommes contents d’avoir la climatisation, car il fait très chaud, mais nos voisins du quartier n’ont pas cette chance. Comme toutes les bâtisses aux alentours, le bâtiment est un vieil immeuble de 2 ou 3 étages. Nous avons en tête la discussion passionnante que nous avions eue avec Béné, une cyclovoyageuse rencontrée à Athènes et qui a fait une thèse sur les risques de tremblement de terre en Eurasie. Elle nous a parlé du très fort danger existant pour Istanbul, et, en voyant tous ces vieux immeubles, nous comprenons qu’un tremblement de terre trop important pourrait tout ravager…

Nous prenons le temps de nous installer avant d’aller fêter notre arrivée dans un petit restaurant du coin. Le lendemain et le surlendemain seront constitués de repos, de mécanique vélo, d’une visite guidée du centre historique très intéressante et d’un tour en bateau de nuit sur le Bosphore, tout cela entrecoupé de bons repas, au restaurant ou mitonnés à l’appartement avec ce que nous avons trouvé en magasin et au marché.

Nous visitons ensuite Sultanahmet, la mosquée bleue surnommée ainsi en raison de la couleur de ses céramiques qui ornent ses murs intérieurs. Le sultan Ahmet Ier l’a faite construire au début du XVIIème siècle avec six minarets, ce qui était jusqu’à présent le seul privilège de la mosquée Ka’ba, à la Mecque. Pour apaiser les esprits face à cette insulte envers la grande mosquée sainte, le sultan paya la construction d’un septième minaret pour cette dernière…Malin ! Les visites des mosquées du pays sont gratuites (à l’exception de Hagia Sophia mais on y reviendra), la seule règle étant de respecter les lieux et les croyants : pas de visite à l’heure des prières et le code vestimentaire demande que les femmes portent un voile sur les cheveux et que leurs jambes et leurs bras soient couverts. Les hommes doivent porter un pantalon et à minima un tee-shirt qui cache les épaules. Les chaussures doivent être enlevées à l’entrée, pour éviter de salir la moquette. La mosquée est magnifique, avec son sol rouge vif, ses fresques florales en céramique et ses piliers massifs, supportant le dôme principal qui s’élève à 43m de hauteur.

Puis, nous nous dirigeons vers le Grand Bazar. C’est un gigantesque marché couvert, dédale de ruelles où les tout petits commerces s’entassent et dont les vendeurs rivalisent d’audace et de techniques de marchandage pour vendre leurs produits au meilleur prix. Ils sont répartis par quartier : le quartier du cuir, des épices et du thé, des tapis et du textile, etc. L’ambiance y est incroyable et les odeurs du cuir et des épices ajoutent à l’immersion. Romain achète quelques loukoums, sucreries typiquement turques qu’il adore.

Nous ressortons ravis de ces visites et, après un énième kebab, nous disons aurevoir à Xavier qui part à la gare routière prendre un bus pour Sofia, en Bulgarie. Il rentrera ensuite à Mouthe, tout en vélo et en un mois ! Les 2 frangins sont en pleurs. Beaucoup d’émotions résulteront de ces aurevoirs, Xav’ était le dernier membre de nos 2 familles à nous rendre visite. Le chemin est encore long mais nos familles et nos amis nous manquent déjà ! Nous voilà de nouveaux à deux et, si nous avons apprécié partager un bout de route, nous sommes également heureux de repartir à l’aventure ensemble. On ne se dispute pas, on ne se lasse pas, on rigole bien et on se remonte le moral, on est bien tous les deux !

Nous passons encore quelques jours à Istanbul. On se repose, on appelle nos proches, alimentons nos réseaux, mangeons des salades maisons, regardons quelques One Piece, recousons, réparons, lavons et continuons de visiter cette ville merveilleuse.

Istanbul, auparavant appelée Byzance puis Constantinople, est une mégapole de 16 millions d’habitants. Située sur le détroit du Bosphore, et riche de milliers d’années d’Histoire, de conquêtes et de reconquêtes, c’est une ville à la croisée des cultures et des civilisations. Elle est cosmopolite, insomniaque…et bien trop grande pour nous ! Même si les transports en commun y sont bien développés, il faut tout de même plusieurs heures pour traverser la ville d’un bout à l’autre. Aussi grande que Paris et son agglomération, mais avec 5 millions de personnes en plus, c’est la plus importante ville de Turquie, en nombre d’habitants et en taille. Et finalement, nous n’en visiterons qu’une minuscule partie !

Ses habitants vivent dehors. Dans le quartier de notre appartement, les familles mangent sur des tapis sur le pas de la porte, les enfants jouent dans les rues, tout le monde discute avec tout le monde, assis sur des chaises au milieu du trottoir. Au centre-ville, de très nombreuses familles se retrouvent au frais, dans les parcs, pour pique-niquer et laisser les enfants jouer. Elles y restent toute la journée, jusqu’à très tard le soir. De nombreux pêcheurs tendent leurs lignes depuis les ponts, entre les centaines de bateaux qui circulent sur l’eau. Des marchands ambulants vendent des simits (sorte de petit pain de sésame en forme de bretzel), des épis de maïs chaud et du çai bien sûr. Il n’y a quasiment pas de mendiants à Istanbul mais des gens vendent des petits paquets de mouchoir, des bouteilles d’eau ou des bracelets, assis dans le coin d’une rue. Chaque mètre carré est optimisé, même les passages sous-terrain pour accéder au métro ou traverser un grand axe accueillent des stands de vêtements, de montres, de loukoums, de jouets, de cigarettes. Les commerces, barbiers (très nombreux), restaurants, mini-markets, sont ouverts tous les jours et jusque très tard le soir. Ce sont des éternels mouvements, bourdonnements et parfums qui nous assaillent de toute part.

Nous continuons la visite du centre-ville historique par Hagia Sophia. Cette église chrétienne, l’une des plus grandes et des plus prestigieuses de la chrétienté jusqu’au XVème siècle, se verra épargnée des pillages et de la destruction sur ordre du sultan Mehmet II et sera transformée en mosquée après la prise de Constantinople par l’empire Ottoman en 1453. Cette transformation nécessita de couvrir les riches mosaïques du Christ, des Saints, etc. car toute image figurative est interdite par l’Islam. De plus, le somptueux mihrab, qui indique la direction de la Mecque, n’est pas « aligné » avec le reste de la structure, l’axe de l’église étant tourné vers l’orient. En 1934, sous l’impulsion du premier président de la République de Turquie Mustafa Kemal Atatürk qui souhaite laïciser le pays, la mosquée est désanctifiée et devient un musée. Plus récemment, en 2017, les autorités turques expriment le souhait de transformer de nouveau Sainte-Sophie en mosquée, et, malgré les nombreuses condamnations de la communauté internationale, le chef de l’État Recep Tayyip Erdoğan assiste à la première prière du vendredi depuis 86 ans en juillet 2020. De nos jours, Sainte-Sophie est donc une mosquée mais son premier et unique étage est ouvert aux visiteurs pour la modique somme de 25 € ! On trouve le prix un peu cher pour simplement faire le tour des balcons, mais les mosaïques, couvertes par un voile pour qu’elles soient invisibles depuis l’espace de prière, sont très belles. Et nous sommes heureux d’avoir pu entrer dans ce lieu chargé d’histoire.

Après Sainte-Sophie, nous nous dirigeons vers le palais Topkapi, qui fut la résidence des sultans du XVème au XIXème siècle. Arrivés au guichet, nous sommes estomaqués par le prix qu’on nous demande : 50€ par personne ! Là, c’est trop, et on fait demi-tour. Nous apprendrons plus tard que le prix pour les visiteurs étrangers a triplé en 2 ans.

Déçus, nous prenons la direction du Bazar aux épices, aussi nommé le Bazar égyptien. À peine moins touristique que le Grand Bazar, les prix y sont un peu plus justes. Nous prenons plaisir à marchander (avec plus ou moins de succès) des souvenirs pour nos proches que nous emballons ensuite soigneusement dans un carton avant de les laisser au bon soin de la poste turque, la PTT.

L’avant-dernier jour, nous allons flâner dans le quartier Galata, un quartier historique qui se transforme petit à petit en quartier chic. Très touristique, il est rempli de bars, restaurants et centres commerciaux. Un petit tramway traverse sa principale rue piétonne d’un bout à l’autre, avertissant les passants d’un son de cloche cristallin. C’est dans ce quartier que nous avons repéré un musée pas comme les autres : une jeune femme, la trentaine pas plus, a ouvert sa collection de figurines de manga aux visiteurs. Et quelle collection ! On passe plus d’une heure à s’émerveiller devant des dizaines et des dizaines de figurines, notamment devant les plus travaillées d’entre elles, dont il n’existe pas plus de dix exemplaires au monde, qui demandent des centaines d’heures de travail et qui coûtent les yeux de la tête…elle est si jeune, mais où a-t-elle trouvé tout cet argent !!? Nous partageons cette passion commune de la culture nippone avec Romain, ce n’est pas pour rien que le Japon est notre destination, et cette petite parenthèse nous fait du bien ! D’ailleurs, c’est de là que vient notre nom « Bike Romance Dawn », car « Romance Dawn », qui signifie « À l’aube d’une grande aventure » est le titre du premier chapitre de One Piece, notre manga préféré. On achète un jeu de carte et, sortis du musée, l’inaugurons avec une partie de bataille enflammée, sur un rooftop avec, pour moi, un verre de rosé et pour Romain, une bière.

Ainsi se termine notre séjour à Istanbul. Nous bouclons nos bagages et prenons la direction de la gare routière d’Esenler, où nous ferons l’énorme erreur de commander un kebab avant notre bus pour Ankara. Même dans son pays d’origine, un kebab de gare reste un kebab de gare et le très mauvais goût de la viande nous restera longtemps dans la bouche…beurk !

Chapitre 3
Amitiés

Le bus arrive et nous nous présentons avec nos vélos devant la soute. L’assistant du chauffeur grimace et nous fait comprendre que nos vélos vont prendre beaucoup de place et donc qu’il faudrait payer un petit supplément…nous marchandons pour qu’il baisse le prix à 400TRY (soit 10€). Nos billets disparaissent immédiatement dans sa poche. Partis à 14h d’Istanbul, nous arrivons à 22h, avec 1h de retard, à la gare routière d’Ankara, où Burak, notre hôte Warmshower, a eu la gentillesse de venir nous chercher (à vélo bien sûr) ! Il est tard et il fait nuit depuis longtemps déjà. Nous roulons sur un gros axe routier pendant de longues minutes et, après une belle côte, nous arrivons chez notre hôte. Il nous aide à monter nos affaires et arrivons dans son appartement. Ou plutôt dans leur appartement. Fatma, sa chérie et, nous l’apprendrons plus tard, sa femme depuis peu, nous accueille avec un grand sourire. Ils sont plus jeunes que nous, Burak, qui parle bien anglais, s’occupe de la traduction pour Fatma et nous passons une belle soirée à discuter autour d’un excellent repas fait maison. Puis, ils nous montrent notre chambre : ils nous ont préparé un vrai lit ! Quel accueil !

Le réseau Warmshower, que nous avions déjà utilisé à Athènes, est un réseau d’accueil cycliste répandu dans le monde entier. Des personnes se proposent d’accueillir gratuitement des voyageurs cyclistes pour la nuit, que ce soit en leur prêtant un bout de jardin pour poser la tente, quelques mètres carrés dans le salon pour étendre un matelas gonflable, comme c’était le cas chez Thibault ou, rêve secret de tout invité, en préparant un bon lit douillet. Ajoutez à cela la légendaire hospitalité turque et vous obtenez notre séjour parfait chez Burak et Fatma : un appartement propre et magnifique, un bon lit, un repas déjà tout prêt…waouh ! Nous dormons comme des bébés jusqu’au lendemain matin. Burak et Fatma sont déjà partis au travail, ils sont fonctionnaires dans l’éducation nationale, mais ils ont pris le soin de nous laisser des clés et de quoi nous préparer un bon petit déjeuner.

Nous prenons notre temps et quittons l’appartement vers 10h. Il fait très chaud. L’ambassade de France n’est qu’à quelques kilomètres et nous nous y rendons pour faire nos procurations pour les législatives. Puis, nous allons visiter un parc non loin d’ici dont, apparemment, les habitants d’Ankara sont très fiers. En effet, il est très beau mais…il est minuscule ! Pour nous rafraîchir quelques minutes, nous nous rendons dans un centre commercial non loin. Il est entièrement tourné vers le mariage : costumes, chaussures, bijoux et surtout des robes. Plein de robes, de toutes les couleurs, le blanc n’est pas la norme. La grande majorité sont « clinquantes », elles brillent et elles prennent de la place ! Tout au long de notre chemin, nous croiserons beaucoup de couples qui font leurs photos de mariage dans un joli endroit. Ici, on se marie jeune, et on divorce peu. Il n’y a pas grand-chose à voir à Ankara, c’est une ville très récente, alors nous retournons tranquillement à l’appartement nous reposer en attendant Burak. Celui-ci revient vers 17h et nous amène en voiture chercher Fatma à son travail, puis nous allons déguster tous ensemble un délicieux Adana Kebab. 

La discussion est facile avec eux et nous passons à nouveau un excellent moment. Ils nous parlent de leur mariage, 2 fêtes consécutives avec, en tout, plus de 1000 invités, ce qui est normal en Turquie. On discute de vélo, des études, de voyage, un peu de politique, car nous sommes chamboulés que l’extrême droite ait obtenu un score aussi haut aux européennes. Eux, n’ont connu qu’un seul Président depuis qu’ils sont nés, Erdogan, et comme une bonne partie de la population, sont en total désaccord avec le gouvernement, alors préfèrent ne pas se tenir trop informés de ce qu’il se passe dans la politique dans leur pays. Sans parler de la propagande médiatique qui biaise toute information. Ils nous expliquent également que le pays traverse, depuis plusieurs années déjà, une crise économique sans précédent. Leur loyer à été multiplié par 8 en 2 ans. Leur salaire a été augmenté en conséquence mais pas au même point que l’inflation. Impossible pour eux d’acheter le moindre bien en ville, pourtant, ils nous expliquent qu’ils sont dans le haut du panier de la classe moyenne

Malgré nos protestations, ce sont eux qui nous payent le restaurant. Dans la culture turque, et musulmane en générale, l’invité n’a pas à remercier l’hôte sous quelque forme que ce soit. C’est un honneur pour un Turc que de recevoir un voyageur, et ce sont même eux qui nous remercieront à la fin de notre séjour. C’est contraire à tout ce qu’on apprend chez nous mais on comprend qu’on risquerait de les blesser si nous insistons pour payer. Nous nous dirigeons ensuite vers un bar pour partager un verre et nous amusons à trouver des mots similaires dans la langue turque et la langue française, comme camion, plateau, accessoire (qui s’écrit « aksesuar »), etc. On rigole bien. On leur montre des photos de nos familles et de notre chez-nous, ce qui les rend heureux. On les quitte le lendemain matin, tôt, avec des larmes dans les yeux. 

Merci Burak et Fatma ! C’est pour faire de telles rencontres que nous avons quitté notre confortable chez-nous…

 

Chapitre 4
Le regard brûlant du soleil

S’en suit un périple de 340km et 3500m de dénivelé positif en 4 jours jusqu’à Gorëme, une ville au cœur de la Cappadoce. La sortie d’Ankara est difficile, car très grimpante. Nous sommes à plus de 1000m d’altitude mais il fait pourtant extrêmement chaud.

Durant ces 4 jours, nous traversons de grandes étendues de « rien » : cultures à perte de vue, puis un immense plateau où l’herbe rase peine à nourrir quelques moutons, puis de nouveau des champs immenses. Seuls quelques kilomètres autour de la ville d’Ortaköy, le 3ème jour, seront plaisants, car nous retrouverons un peu de verdure. Tous les jours, nous partons au lever du soleil à 4h30, car il nous est impossible de rouler après 12h. La chaleur est trop forte. L’ombre est totalement absente de ce périple. Aucun arbre ne pousse ici, le mot forêt n’a pas lieu d’être. Nous devons faire attention au goudron, il fond et se colle à nos pneus.

Alors nous visons les quelques villages pour nous ravitailler en eau et en nourriture, et pour nous reposer sous les seuls arbres de la région : ceux qui ont été plantés à côté des mosquées. En effet, il y a toujours une petite table de pique-nique, un peu de verdure et des toilettes (nécessaires pour les ablutions) non loin du temple. Le premier jour, alors que nous nous reposions justement dans le petit parc de la mosquée du village, l’imam nous invite à dormir dans un petit bâtiment annexe, qui sert de salle de classe religieuse aux enfants. Nous acceptons avec gratitude et, après avoir pris un semblant de douche dans les toilettes (qui, malheureusement, ne sont jamais d’une grande propreté), nous préparons un bon plat de pâte pour le dîner. L’imam revient pour la prière du soir et discute un peu plus longuement avec nous, enfin surtout avec Romain, moi je me tiens légèrement en retrait, ce qui semble lui convenir. Il s’appelle Ramazan. D’une quarantaine d’année, il est l’imam du village, mais il a un autre métier en parallèle, paysagiste. En tant qu’imam, il doit être présent à la mosquée pour les 5 prières quotidiennes dont les horaires sont calculés en fonction du soleil, et qui se situent aux environs de 4h, 9h, 14h, 19h et 22h. Son rôle est de guider les fidèles dans la prière mais aussi de les écouter et les conseiller dans leur quotidien, d’éduquer les enfants à la religion et d’accueillir les voyageurs. Il nous explique que les pratiquants doivent se laver les mains, les pieds et le visage avant chaque prière car ces dernières s’effectuent à genoux, les mains et le front à terre, sur les tapis. Les ablutions sont donc primordiales pour l’hygiène de chacun. Chaque prière est précédée de l’appel à la prière, un chant religieux en arabe, la plupart du temps préenregistré par l’imam et diffusé dans le village par des haut-parleurs de mauvaise qualité fixés sur le minaret et sur quelques lampadaires éloignés. Une coupure d’électricité empêchera l’appel d’être diffusé pour la prière de 22h alors Ramazan chantera de tous ses poumons devant la mosquée.

Le lendemain, à 4h, nous le remercions chaleureusement et partons pour notre plus grosse étape : 120km jusqu’au lac salé nommé Tuz Gölü (ce qui signifie… « lac salé »). La matinée est longue, nous souffrons de la chaleur sans pouvoir nous reposer, car nous ne trouvons pas d’ombre et la sensation de chaud est encore pire à l’arrêt. Les quelques villages que nous croisons sont vraiment pauvres et nous avons du mal à nous ravitailler en eau. Nous croisons quelques troupeaux de moutons et leurs énormes gardiens canins, les bergers d’Anatolie. Ils sont aussi gros que des poneys, avec une gueule garnie de crocs brillants, et portent des colliers hérissés de pics, ce qui empêche les loups de leur sauter à la gorge. Ces chiens nous font vraiment peur mais, une fois descendus de vélo et leur intimidation terminée, ils nous laissent passer sans encombre…ou(a)f.

Nous roulons jusqu’au dernier village avant le lac salé et vers 13h, nous nous affalons, épuisés, sur 2 chaises d’un tout petit restaurant. Le patron n’avait pas prévu d’avoir des clients aujourd’hui et ne peut que nous servir 2 wraps chacun. On est au frais et on a de l’eau, alors on est content quand même. Ça faisait bien longtemps que le petit village n’avait pas eu de visiteurs et nous sommes l’attraction de la semaine. Les enfants nous observent, le nez collé à la vitre. Les jeunes viennent nous parler, une adolescente me demande si Romain est mon chéri ou mon mari. Une des institutrices de l’école parle anglais et s’occupe de la traduction. Après avoir assouvi la curiosité de nos hôtes, nous nous dirigeons vers la mosquée pour nous laver succinctement car nous sommes couverts de sel à force de transpirer. Nous allons ensuite nous allonger sous les quelques arbres pour une longue sieste. Il nous reste 10km avant le lac salé, où nous voulons bivouaquer, mais il est hors de question de s’y rendre dès maintenant. Nous savons que là-bas, il n’y aura pas d’ombre et que le soleil sera brûlant. Même à l’ombre des arbres il fait très chaud et nous avons du mal à nous reposer. Nous repartons vers 18h après avoir fait le plein d’eau et avoir rempli notre « douche ». Nous avons une vache à eau, d’une capacité de 5L, dont nous nous servons pour prendre des douches lors de nos bivouacs, à condition bien sûr, de trouver de l’eau. Une fois remplie, Romain la pose sur son porte-bagage arrière et nous pouvons rouler jusqu’à notre lieu de bivouac avec la promesse d’une bonne douche, ce qui n’a pas de prix ! Jusqu’à présent depuis le début de notre voyage, nous nous sommes toujours couchés propres, une habitude que nous nous imposons, et qui de toute façon nous est primordiale à tous les deux, un « caprice » dont on sait qu’il peut paraître secondaire pour d’autres cyclovoyageurs.

Le Tuz Gölü est une grande étendue blanche, qui s’étend à l’infini. C’est le deuxième plus grand lac de Turquie, sa superficie est de 1600km2 soit 3 fois plus grande que le lac Léman. En été, le lac est à sec, laissant une épaisseur de sel d’environ 30cm sous le soleil cuisant. En hiver, l’eau revient, sur 1 à 2m de profondeur, et avec elle, des milliers de flamants roses, qui trouvent ici un refuge pour nidifier. Comme prévu, il n’y a pas d’ombre à l’horizon, et il fait encore 38°C en ce début de soirée. Nous posons notre tente sur le sel, à côté de la seule piste qui traverse le lac d’est en ouest. Un peu plus loin, la couche de sel, encore humide, est bourbeuse. Le coucher de soleil est incroyable. Romain, qui nous prépare à manger, est éclaboussé de sauce lorsqu’il ouvre l’opercule du pot. La pression a monté à cause de la chaleur, et le voilà couvert de tomate…heureusement, nous n’avions pas encore pris notre douche. La piste, qui nous surplombe, et le lac sont déserts, seuls un camion et une moissonneuse passeront quelques minutes avant la nuit. Nous les verrons arriver de loin, tout est plat ici. Sinon, nous sommes seuls dans ce lieu hostile, et c’est un sentiment assez incroyable : nous savons que nous sommes en train de vivre une expérience unique et en même temps, c’est assez angoissant d’être livrés à nous-même dans ce lieu sans eau et sans vie.

Nous plions le camp le lendemain et profitons du sublime lever de soleil. Quelques centaines de mètres plus loin, la couche de sel semble plus solide et nous ne résistons pas à l’envie de rouler dessus. Nous en profitons pour faire quelques clichés. Au loin, nous apercevons 2 autres cyclistes sur le lac. Ils se dirigent vers nous et nous décidons de les attendre. Ce sont 2 jeunes allemands, Henry et Lea, équipés de magnifiques vélos « gravel », le même type que les nôtres mais en beaucoup plus léger. Ils sont en voyage « bikepacking », c’est-à-dire qu’ils n’ont pas de porte-bagage mais simplement de petites sacoches accrochées un peu partout sur le vélo. Ils ont donc beaucoup moins d’affaires que nous et sont plus légers, ce qui leur permet de parcourir de plus longues distances, mais sont moins autonomes que nous dans une certaine mesure. Ravis de pouvoir discuter, nous partageons un bout de route ensemble, jusqu’à la prochaine ville. Ce sont 2 moniteurs de ski, Romain est heureux de pouvoir discuter de ski ! Ils s’extasient de son métier et nous passons un bon moment tous ensemble.

Les 2 jeunes s’arrêtent dans une boulangerie pour petit-déjeuner tandis que nous continuons notre route. À la sortie de la ville, nous apercevons un immense camp de migrants. Nous roulons, toujours sous le soleil brûlant, pendant des heures. Vers 11h, nous nous arrêtons dans un petit village pour faire le plein d’eau. Un monsieur nous offre le çai et nous parle pendant de longues minutes sans qu’on ne comprenne rien à ce qu’il nous raconte. Il ne veut pas nous lâcher et nous arrivons finalement à nous éclipser poliment au bout d’une demi-heure. Notre but est de rallier Ortaköy, à une quinzaine de kilomètres, pour déjeuner et nous reposer. Mais je n’avance plus. Il fait vraiment chaud et mes jambes ne répondent plus. Et moins j’avance vite, plus la chaleur nous plombe et nous cloue au sol. Pour la première fois du voyage, nous décidons donc d’installer un leash entre nos deux vélos. Nous avions prévu le coup et amené avec nous le matériel nécessaire : nous relions le vélo de Romain au mien avec une sangle d’escalade nouée à une vieille chambre à air (pour faire la partie élastique) et nous voilà repartis. Romain me tire et je donne tout ce que j’ai. Notre vitesse augmente sensiblement et nous arrivons vite au sommet de la dernière bosse du jour. Nous nous « désencordons » pour la descente et arrivons, soulagés, à Ortaköy, où nous trouvons un magnifique restaurant à la terrasse ombragée. J’y déguste un excellent ayran, le meilleur que je trouverai en Turquie. C’est une boisson à base de yaourt et d’eau, que l’on assaisonne de sel et de poivre à sa convenance, et qui est incroyablement rafraichissante.

Après le repas, nous allons faire quelques courses puis laver à l’eau nos vélos couverts de sel depuis ce matin dans une station essence. On en profite pour faire le plein de combustible pour notre réchaud et roulons quelques kilomètres jusqu’à notre bivouac de ce soir, qui est l’un des plus beaux que l’on ait fait jusqu’à présent : un lac propre, du sable, de l’herbe et des arbres, et des montagnes en panorama…le rêve ! On se baigne avec délice. Romain déplie la tente, plante les sardines et soudain, une tortue jaillit (oui, jaillit ! Ça va plus vite qu’on ne le croit ces bêtes-là !) de dessous notre maison de toile ! Elle avait dû s’enterrer là pour passer les heures chaudes de la journée et nous l’avons dérangée. On s’amuse à l’observer quelques minutes, puis je m’occupe de faire notre lit (gonfler le matelas, installer le drap de sac, les oreillers et le duvet) tandis que Romain nous prépare à manger. C’est généralement de cette manière que nous nous répartissons les tâches le soir. Je m’occupe également de la vaisselle après le repas. Le matin, pendant que Romain range nos sacoches et prépare les vélos, je dégonfle et plie le matelas, range drap de sac, duvet et oreillers. Des tâches simples, mais qui rythment nos journées de voyageurs. Nous avons prévenu nos copains allemands que nous avions trouvé un super spot de bivouac et ils sont en chemin. Nous dînons en les attendant, car ils auront déjà mangé. Les voilà qui arrivent, il était temps, la nuit tombe (vers 19h30…ça fait des soirées courtes !). « How fast you are ! » (soit, « Vous avez été rapides ! »), nous disent-ils lorsqu’on leur annonce que nous sommes arrivés vers 13h, soit plusieurs heures avant eux. C‘est vrai qu’aujourd’hui, nous n’avons quasiment pas pris de pause et avons essayé d’être rapides lorsqu’il faisait encore frais, tôt ce matin. Et ça nous a permis de nous reposer cet après-midi. Nous sommes fiers du compliment, de la part de deux jeunes cyclistes sportifs et légers ! Nous discutons un bon moment de ski, de neige et de montagne avant d’aller nous coucher.

Nous leur disons aurevoir le lendemain matin et nous décollons tôt, sans petit-déjeuner comme à notre habitude. Nous nous arrêtons généralement vers 7h pour manger, mais avant ça, nous profitons à fond de la fraîcheur pour avancer un maximum. La journée ressemble aux précédentes, une dernière grosse étape dans la chaleur et sans ombre, au milieu de nul part. Quelques kilomètres avant d’arriver à destination, nous doublons 4 cyclovoyageurs. C’est sûr qu’on croise pas mal de monde, on est tout près de la Cappadoce ! C’est ainsi que nous faisons la connaissance de 3 français, Alexandra, Pierrick et Camille, et d’une portugaise qu’ils ont rencontrée sur la route, Mara. On discute quelques minutes puis on se donne rendez-vous un peu plus loin, car il fait trop chaud pour discuter ici. On arrive avant eux dans la dernière ville avant notre destination et les attendons avec des boissons fraîches. On discute tous ensemble. Camille et Pierrick viennent de terminer leurs études, et partent pour un tour du monde, en direction de l’est, avec un budget de 5€ par jour. Quant à Mara, elle a déjà roulé sa bosse en Amérique du Sud. Elle fait de magnifiques aquarelles de ses voyages. On est admiratif. On se quitte après avoir échangé nos numéros et nous arrivons enfin, 1h plus tard, à Uçhisar, porte d’entrée de la Cappadoce.